Après la récolte céréalière, de nombreux agriculteurs s’interrogent sur l’intérêt d’implanter des couverts végétaux, trop souvent perçus comme une obligation coûteuse et sans un réel retour sur investissement. Avant d’envisager une telle impasse, il est indispensable de mettre en perspective les bénéfices des cultures intermédiaires dans la rotation avec les frais de semis.
Quels sont les avantages et les gains agronomiques des intercultures ?
Les couverts végétaux doivent être considérés comme une culture à part entière qui s’intègre dans la rotation. Les principaux avantages agronomiques qu’ils apportent sont :
Lutte indispensable contre l’érosion provoquée par la pluviométrie en hiver, grâce à une bonne couverture du sol.
Limitation du salissement des parcelles, permettant un meilleur contrôle des adventices pour consommer moins d’herbicides.
Effet coupure dans la rotation pour casser le cycle des parasites et des champignons, ce qui favorise la lutte phytosanitaire, et l’économie de fongicides.
Effet racinaire essentiel pour améliorer la structure et la vie micro biologique du sol, et faciliter la reprise du sol avec les outils en sortie d’hiver.
Effet « pompe à nitrates » pour limiter le lessivage des éléments fertilisants avec une restitution pour les cultures suivantes.
Production de biomasse pour enrichir le sol en matière organique, améliorer la capacité en rétention d’eau et le stock d’éléments nutritifs. L’usage de légumineuse telle que les vesces commune y sont très profitables.
Production fourragère d’appoint non négligeable pour les éleveurs.
En résumé, les couverts végétaux sont un moyen efficace et naturel de préserver le sol et sa fertilité.
Comment implanter des couverts utiles à moindre coût ?
Trois notions interviennent dans le coût d’installation des couverts végétaux : le prix des semences à l’hectare, les frais de semis et les éventuels frais de destruction.Nous pouvons classer les espèces destinées aux couverts végétaux en 3 groupes de prix à l’Ha :
- Moutardes , radis fourrager , colza fourrager et phacélie, entre 20€ et 40 € par ha (espèces à petites graines) sont les plus économiques à l'achat.
- Avoine diploïde et trèfles annuels autour de 50€ par Ha – les légumineuses en association améliorent la qualité et la productivité des intercultures.
- Seigles, vesces commune et sarrasin autour de 70€ par Ha, améliore le potentiel de production en biomasse en mélanges.
L'idéal est d'associer des espèces avec des développements végétatifs complémentaires tel que Phacélie + radis + moutarde + trèfle d’Alexandrie dans un mélange prêt à semer tel que le MIX ECO-COUVERT . Ainsi, on bénéficie d’un maximum d’avantages pour un investissement /Ha très raisonnable (30€/Ha). Dans le contexte de pénurie actuelle en semences de phacélie consécutif à la sécheresse qui à sévi en 2018 dans les pays de production (Pologne –Roumanie), cette possibilité y trouve tous son intérêt technico-économique.
Les frais de semis sont très variables selon le type de déchaumage et de semoir utilisé. Les appareils types Delimbe installés sur les outils de déchaumage reviennent beaucoup moins chers. Cependant, ils ne sont bien adaptés que pour semer des petites graines, et nécessitent impérativement un roulage du sol après semis. L’utilisation de semoirs à céréales (en ligne ou direct à disque) permet d’implanter des espèces à plus grosses graines, tout en assurant une meilleure qualité de levée. Les implantations les plus réussies seront le gage d’un couvert rentable et atteignant les objectifs agronomiques recherchés.
Le choix d’espèces gélives telle que la phacélie, la vesce de printemps , le moha ou Avoine diploïde évite de recourir à une destruction mécanique en sortie d’hiver et facilite la reprise des sols au printemps.
Quels potentiels de récolte fourragère peut-on en tirer ?
Chez les éleveurs, les cultures dérobées sont une source de production fourragère très avantageuse en complément de la sole fourragère principale. Les cultures de RGI courte durée en mélange avec du sont désormais très répandues avec une possibilité de récolte en fin d’automne, plus une récolte principale en sortie d’hiver. Le rendement ainsi cumulé est de plusieurs tonnes de matière sèche à l’Ha d’un fourrage de bonne qualité.
D’autres espèces à cycle court telles que le colza fourrager, le moha ou l’avoine diploïde permettent d’envisager un pâturage de fin d’été-automne, en complément des prairies longue durée.
Conclusion ?
Quelque soit votre situation, éleveurs de ruminants ou non, la culture généralisée des couverts végétaux n’apporte en réalité que des avantages agronomiques, environnementaux et économiques. Leur mise en place demande une réflexion sérieuse, en adéquation avec les objectifs de votre exploitation. Ils sont à considérer comme un investissement à prendre en compte sur l’ensemble de la rotation avec des gains certains sur la durée.
Et vous ?
Comment envisagez-vous le choix de vos cultures intermédiaires ? Partagez votre expérience avec nous !
François-Régis DUBREIL
Responsable de Marché Agro Fourniture