Les céréales stockées à la ferme doivent être protégées de plusieurs types de dégradations : risques de dégâts provoqués par les insectes, les rongeurs et les oiseaux, risques d’échauffements et de pourritures, risques de développement de moisissures et mycotoxines, et enfin risque de perte de germination dans le cas du stockage de graines destinées à la semence.
Il est donc important de se prémunir de ces différents dangers pouvant être fort préjudiciables par la mise en place de protocoles de préparation des lieux de stockage et de traitement du grain.
Les insectes ravageurs des graines stockée
Source Wikipédia
Les insectes peuvent entrainer une altération importante du grain et sont une source de souillure et vecteur de germes. Il est impératif de les éliminer dans le cadre de transaction commerciale : tout lot doit être refusé si un seul insecte vivant y est repéré !
Ils peuvent être classés en trois catégories :
-Les insectes ravageurs primaires vivent à l’intérieur des graines, s’en nourrissent et s’y reproduisent. Ils attaquent les graines sèches et en bon état de conservation. Ce sont les plus courants sur céréales et ceux qui causent les plus lourdes pertes économiques. Les charançon et les capucins des grains, petit coléoptère de 4mm en sont les principaux représentants. Très prolifiques dans les céréales à une température > 20°C, ils cessent de se reproduire en dessous de 12°C, et disparaissent si exposés plusieurs mois en dessous de 5°C. Le maintient des céréales à une température froide est une méthode de lutte efficace et naturelle.
- Les insectes secondaires se développent à l’extérieur des graines, et se nourrissent principalement des grains cassés et de débris. Ils occasionnent moins de pertes que les insectes primaires. Les silvains et les triboliums, coléoptères de petite taille (3 à 4mm) peuvent se reproduire très rapidement au delà de 20°C .
- les insectes mycophages se nourrissent uniquement des moisissures présentes à la surface des graines. Le petit silvain denté d’une taille de 2mm est fréquemment rencontrés avec des densités importantes, en particulier à l’ouest de la France
Les rongeurs et volatiles
Les rongeurs et les oiseaux qui consomment les céréales stockées peuvent occasionner de nombreuses pertes tant quantitatives que qualitatives. Les souillures et déjections qu’ils occasionnent sont également vectrices de nombreux germes et maladies contagieuses telle que la peste bubonique, le typhus, la toxoplasmose, trichinoses et leptospiroses. De plus, leurs plumes et cadavres sont une source de pollution des céréales.
L’installation de dispositifs anti rongeurs, et de filets de protection contre l’intrusion des oiseaux dans les lieux de stockage doivent être mis en œuvre et maintenus dans le temps pour être efficaces.
Température et humidité du grain
Les principaux risques de dégradation des grains stockés sont l’humidité relative des graines, et la température de stockage.
- L’Humidité du grain doit être ramenée au seuil de stabilisation par séchage et ventilation afin de limiter au maximum l’activité respiratoire des céréales (14% pour le blé et l’orge, 12 % pour le maïs et le pois, 8% pour le colza et le tournesol).
De plus, il faut contrôler l’humidité interstitielle entre les graines pour limiter tout risque de moisissures et d’échauffement de la masse stockée.
- La température de stockage devra être ramenée en dessous de 10°C pour limiter tout développement de moisissures, source de mycotoxines, et stopper la reproduction des insectes ravageurs. Cette opération se fera par pallier après la récolte jusqu'à l’hiver par ventilation mécanique dans les cellules de stockage.
Nettoyage des locaux de stockage
La première des préventions est le nettoyage méticuleux avant remplissage des locaux de stockage et circuits de manutention. Un balayage et grattage complet des surfaces, en particulier de tout les recoins refuges des ravageurs, doit être effectué de haut en bas des locaux. Il sera suivi d’une pulvérisation d’insecticides homologués à cet usage tel que la Deltamétrine. K-OBIOL
Porter une attention toute particulière aux planchers en bois et aux fissures dans les murs, lieux refuge des charançons. Les déchets issus du nettoyage seront à détruire. Il faudra limiter au maximum l’usage d’insecticide dans le cas du stockage des graines oléagineuses dont le seuil de limite maximale des résidus phytosanitaire (L.M.R.) est extrêmement faible.
Désinsectisation des céréales stockées
La seconde étape pour la bonne conservation des graines se passe à la récolte des grains arrivés à maturité et qui doivent être nettoyés à la réception du silo. Les lots de graines sales sont plus sujets aux attaques d’insectes, et sont ensuite plus difficile à stabiliser en température. Les lots destinés à une longue conservation peuvent, à ce stade, être traités dans la masse par injection d’insecticide lors du remplissage des cellules. La deltamétrine, matière active non toxique, assure une longue rémanence d’action de 10 à 12 mois, est disponible sous deux présentations .
Ensuite, il est indispensable de maîtriser dans la durée l’humidité et la température de stockage par ventilation des céréales. Le refroidissement s’effectue par étape : abaisser en dessous de 20°C le plus tôt possible après remplissage, puis ventiler lors de nuits froides pour descendre en dessous de 10°C dans l’optique d’une longue conservation.
En résumé, les étapes du protocole d’un stockage de qualité:
- Nettoyage préventif et désinfection des lieux de stockage
- Récolte des grains au bon stade de maturité avec séchage si nécessaire
- Traitement insecticide dans la masse du grain pour le stockage longue durée
- Maintient impératif d’une température basse de stockage (inférieur à10°C) par un bon dispositif de ventilation
François-Régis DUBREIL
Responsable de marché agrofourniture