Différentes techniques permettent d’assurer la conservation de l’herbe pour faire du stock de fourrage. Si historiquement, la plus ancienne est de faire du foin, l’apparition des films plastiques a permis le développement de nouvelles formes de conserve :l’ensilage et l’enrubannage largement vulgarisées aujourd’hui. L’une ou l’autre de ces techniques est mieux adaptée en fonction du stade de l’herbe à récolter : comment choisir ?
Gérer l’excédent de pousse de l’herbe
Alors que les besoins du troupeau sont plutôt linéaires sur l’année, le cycle de pousse de l’herbe est très saisonnier : quasi nul en hiver, explosif au printemps et variable en été- automne selon la pluviométrie. La valorisation optimale de la production d’herbe vise à faire pâturer les parcelles le plus longtemps possible, et à récolter les excédents de pousse pour en faire du stock fourrager en complément des parcelles destinées à la fauche. Le choix de la technique de conservation se fait en fonction du stade des plantes à récolter et de leur teneur en matière sèche, du coût de stockage, et des conditions météo.
Mode de récolte et stade de la prairie
La valeur nutritive d’une prairie évolue en fonction du stade végétatif des espèces qui la compose. Récoltée jeune, au stade feuillu, l’herbe est très riche, et sa teneur en matière sèche est faible. Le rendement et la teneur en % de M.S. augmentent avec le vieillissement des plantes au cours du printemps. Une date de récolte optimale se situe début épiaison avec le meilleur compromis Rendement X qualité.
La technique de conservation doit être adaptée au stade de l’herbe : ensilage au stade feuillu, enrubannage au début épiaison et fenaison après la pleine épiaison.
L’ensilage
Cette technique consiste à faucher une herbe « jeune » et à la conserver dans un silo en anaérobiose. Le fourrage récolté autour de 30% de matière sèche, après un rapide pré-fanage, doit être tassé fortement et recouvert de en polyéthylène étanche à l’air et faisant barrière à la lumière. Les fermentations au sein du silo vont favoriser le développement des bactéries lactiques qui transformeront les sucres solubles en acide lactique faisant ainsi baisser le pH jusqu'à un point de stabilisation. Il en résulte un fourrage stocké facile à reprendre, appétant pour les ruminants, et ayant conservé un maximum de ses qualités nutritives. Il est parfois utile de favoriser et d’orienter les bonnes fermentations à l’aide de (type acide lactique), ou d’ensemencer le silo en bactéries lactiques avec un .
L’enrubannage
Il s’agit d’envelopper les balles d’herbe fanées à 50% de matière sèche dans un (25µ) enroulé de 4 à 6 couches, constituant ainsi autant de mini-silos qu’il y a de balles. Cette technique, malgré son coût plus élevé, présente un réel intérêt en terme de souplesse de récolte pour gérer l’excédent de pousse d’herbe des paddocks. C’est aussi une bonne solution pour conserver les légumineuses telle que la luzerne dont la conservation est plus délicate à obtenir par ensilage.
Le foin
Faire du foin présente deux avantages principaux : disposer d’un fourrage fibreux pour améliorer la rumination, avec un coût de revient plus économique. Par contre, il ne peut se faire qu’en période sèche et ensoleillée pour atteindre les 80% de M.S. après un fanage de quelques jours sur le champ. Il est donc indispensable d’attendre une bonne « fenêtre » météo de 5 à 7 jours pour le réussir, rarement atteinte avant la fin mai. Il est conseillé de favoriser une dessiccation rapide des plantes fauchées par un fanage intensif effectué aussitôt l’herbe coupée, dans les 2 heures suivant la fauche, suivi de fanages plus doux (entre 40% et 80% de matière sèche), de préférence le matin après la rosée, pour finir l’évaporation de l’eau du fourrage, et ce autant que nécessaire.
Reconnaitre la teneur en matière sèche :
- 20% de M.S. : le jus s’écoule en pressant le fourrage à la main, sans le tordre
- 25% de M.S. : le jus s’écoule en « tordant » à la main la poignée de fourrage
- 35% de M.S. : En tordant la poignée, les doigts s’humidifient
- 40% de M.S. : Il n’y a plus d’humidité sur les doigts en tordant la poignée de fourrage.
- 65% de M.S. : une partie des feuilles deviennent cassantes
- 70 à 75% de M.S. : le foin parait sec , sauf sous les andains
-
80% de M.S. : le fourrage est devenu craquant
Quand le stade de M.S. est atteint, que l’herbe est devenue cassante dans la main, la récolte se fait en balles rondes ou carrées maintenues par de la .
Un bon foin stocké au sec peut se conserver 1 à 2 ans sans perdre ses qualités, cependant il est indispensable de surveiller la température des balles avant le stockage en meule dans les jours suivant le pressage avec un thermomètre de fourrage. Les risques d’échauffement pouvant aller jusqu'à l’embrasement spontané du fourrage sont réels, en particulier si le séchage a été retardé par la météo. Les balles ne doivent pas être rentrées tant que leur température dépasse les 45°C à cœur.
François-régis DUBREIL
Responsable des marchés Agro-fourniture